À l’arrivée, le monde devient meilleur. Ou implose.

La magie commence à opérer. Des dizaines de milliers d’enthousiastes de la tech, d’esprits affutés et curieux venus du monde entier se rassemblent aujourd’hui à Austin au Texas, pour une semaine axée sur la technologie, l’humanité, l’avenir, le bien-être et les diverses tendances qui vont impacter et façonner notre société dans l’année à venir.

 

D’innombrables keynotes, séminaires, interviews et conférences sont au centre de toutes les attentions de la ville. Pendant les six jours à venir, le SXSW va être ce gargantuesque melting-pot qui va brasser les idées pour filtrer les flux cohérents et arriver à des tendances identifiables.

 

Le congrès a débuté avec une femme forte par excellence. Priyanka Chopra Jonas est née en 1982 en Inde. Elle a grandi dans une famille de médecins et a terminé ses années d’enseignement secondaire aux États-Unis, où elle est couronnée Miss Monde en 2000. Après avoir remporté le concours de beauté, Priyanka Chopra se lance dans une carrière d’actrice et fait ses débuts dans le film en tamoul « Thamizhan » en 2002. Elle est ensuite à l’affiche de nombreux films hindous et reçoit les louanges des critiques pour ses performances.

Un tout-terrain créatif

En parallèle au cinéma, Priyanka Chopra se lance également dans une carrière musicale : elle a sorti plusieurs singles et a signé des collaborations avec des artistes tels que Pitbull et will.i.am. Elle a aussi produit plusieurs films, notamment le film en marathi « Ventilator », récompensé par un National Award. En 2015, elle fait ses débuts à la télévision américaine avec la série « Quantico », et apparaît par la suite dans plusieurs productions hollywoodiennes.

 

Priyanka Chopra est également connue pour ses actions philanthropiques. Elle est ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF et a œuvré pour promouvoir l’éducation des enfants et l’égalité entre les sexes. En 2016, elle fonde la Priyanka Chopra Foundation for Health and Education, qui soutient diverses initiatives liées à la santé et à l’éducation, en Inde et partout dans le monde. Elle a aussi été une voix puissante pour le mouvement #MeToo en Inde et s’est positionnée contre les violences fondées sur le genre.

Au fil de sa carrière, Priyanka Chopra a remporté de nombreux prix pour ses rôles, notamment un National Film Award de la meilleure actrice en Inde, cinq Filmfare Awards, et un People’s Choice Award de l’actrice préférée du public dans une nouvelle série télévisée, pour « Quantico ».

 

Il reste du chemin à parcourir

Son CV est impressionnant, tout comme sa présence sur scène est honnêtement irrésistible. Priyanka Chopra s’exprime de manière posée et extrêmement intelligente, elle fait passer ses idées avec un enchaînement très structuré. Et son verdict n’est pas des plus roses. Des partis pris sur le lieu de travail touchent aussi des femmes fortes comme elle (en 2016, le Time Magazine l’a reprise dans sa liste des 100 personnes les plus influentes au monde).

 

Lors du SXSW, l’actrice qui est aussi apparue dans « Citadel » a confié à Jennifer Salke, responsable des contenus d’Amazon Studios, que de constantes attaques malveillantes à l’encontre de sa famille et elle la laissent souvent en larmes. Elle est attaquée sur sa féminité, ses origines, ses seins, son apparence, son âge. Plus tôt dans la semaine, on lui a dit qu’elle était trop grosse pour rentrer dans une « taille échantillon » lors d’une séance d’essayage, et des mâles actifs dans les studios lui disent souvent qu’elle est sur la fin de sa carrière, vu qu’elle a passé la barre des quarante ans.

 

« On m’a dit beaucoup de choses difficiles à entendre », a-t-elle déclaré. « Et de nombreuses femmes sont blessées par les mêmes préjugés liés à l’âge. Si nous n’agissons pas, l’environnement de travail va principalement rester le terrain des hommes. C’est à nous, femmes avec du pouvoir, de tendre la main et d’aider les autres. En tant que femmes aux commandes, la pression est tellement forte qu’on ne peut pas vraiment laisser entrevoir les fissures de son armure. Hier, quelqu’un m’a dit que je n’avais pas la bonne taille pour un échantillon… Ça m’a fait mal, et j’ai pleuré en le racontant à mon mari. Qu’est-ce que ça peut lui faire à elle, ou à n’importe quelle autre femme, ou homme, si on ne rentre pas dans une taille 36 ? Les personnes en charge et avec du pouvoir ont oublié qu’on était humain. »

« Nous sommes toujours jugées par le regard des hommes et les standards de beauté créés par des normes patriarcales. C’est dur, aujourd’hui encore. Même avec de nombreux hommes qui essaient vraiment de contribuer, il reste du chemin à parcourir. Surtout à l’échelle globale, sur le lieu de travail », a-t-elle continué. Pour avancer, elle s’entoure de personnes qui « l’aiment » et « tiennent à elle ».

« Je travaille dans l’industrie du divertissement depuis 22 ans, je suis apparue dans quelque 70 productions et deux séries. Et c’est seulement maintenant, en faisant Citadel, que j’ai un salaire équivalent par rapport aux hommes. Je reçois autant que l’acteur principal. Pour le même travail. C’est assez dingue, mais ça reste la réalité. La suite va dépendre de toutes les personnes, hommes et femmes, qui peuvent faire évoluer les choses. C’est comme ça que le monde va s’améliorer. »

 

 

IA générative

Les mots de Priyanka Chopra ont envoyé un message de colère, de détermination et d’espoir. Une quête de mieux, qui est on ne peut plus nécessaire.

Greg Brockman, cofondateur et président d’OpenAI, a exactement le même message. Nous n’allons pas solutionner les problèmes de demain avec les technologies d’hier. Il faut faire mieux, par tous les moyens. Et même si les gens ont peur de l’intelligence artificielle (IA) générative, ou ont du mal à la comprendre, lui est convaincu qu’elle détient la clé d’une humanité meilleure, plus résistante et solide, plus résiliente et évoluée.

 

Dans un style très ouvert et sincère, Greg Brockman a reconnu que ChatGPT-3, le chatbot au cœur d’OpenAI, a reçu un mélange d’éloges et de critiques depuis son lancement, il y a quatre mois. L’outil a ses partisans et détracteurs, et cette polarisation est difficile à gérer pour l’équipe d’OpenAI.

Tâches besogneuses

ChatGPT-3 a été encensé pour son potentiel pour aider à effectuer les « tâches besogneuses » de l’écriture et du codage, de la recherche de solutions, de l’organisation des pensées et renseignements, tout en proposant une expérience de divertissement plus interactive. Le chat fait néanmoins aussi face à de violentes et virulentes critiques liées à son potentiel pour remplacer des travailleurs humains dans des domaines créatifs et administratifs, pour la création de contenus et la communication. Il pourrait par ailleurs inciter une propagation rapide et profonde de désinformation. Certains l’ont même accusé de montrer un penchant politique libéral contre certaines sources d’information.

 

ChatGPT est encore un enfant

Greg Brockman a admis que l’entreprise avait commis une erreur au départ (et a été « lente à la détente ») au moment de mettre en place des mesures de protection pour éviter des réponses qui pourraient être vues comme incendiaires, mais il ajoute que le système est toujours en cours d’apprentissage, et il est corrigé en permanence. « Il continue à apprendre, à évoluer, à trouver sa voie. » L’ancien cofondateur Elon Musk a récemment annoncé son projet de construire un rival « anti-woke » de ChatGPT. Les choses pourraient devenir intéressantes.

Une force pour le bien

Malgré ces polémiques, Greg Brockman reste persuadé que l’IA va à terme être une force pour le bien, et devrait permettre aux humains de se concentrer sur des aptitudes et tâches de plus haut niveau. L’IA devrait libérer du temps et de l’énergie actuellement consacrés à des tâches banales, et permettre de se concentrer davantage sur des questions plus importantes.


Comme ces systèmes sont encore jeunes, la réflexion sur la sécurité et l’atténuation d’une dépendance excessive à ces systèmes actuellement imparfaits est nécessaire, tout comme l’est la réflexion sur les volets éthiques et régulatoires.


Tout en évitant la question du moment où l’IA va développer une conscience, Greg Brockman se montre convaincu qu’en utilisant l’IA en pratique, les individus, écoles, étudiants, organisations et entreprises vont trouver des utilisations spécifiques capables d’amener des solutions, des réflexions à contre-courant, des alternatives, de la valeur et un retour sur investissement calculable. « Ça n’est pas encore parfait, mais l’impact sur notre avenir est réel. C’est à nous de faire en sorte que cet impact soit positif. On va faire mieux, bientôt. »


Au plus tôt, au mieux…